L’aven de Tardonnenche

Dans un de ses écrits datant des années 50, Camille Hugues, l’infatigable explorateur des plateaux situés entre le Tarnon et la Mimente (entre autres), évoque l’existence d’un aven sur la can de Tardonnenche. Cet orifice aurait été situé non loin de la bordure surplombant le village du même nom. Plusieurs spéléologues qui s’intéressent à la can ont cherché cet aven, en vain. J’ai pris la suite, sans plus de succès à ce jour, bien que m’aient été rapportés plusieurs témoignages de première main faisant état de cavités dans ces parages.

En 2014, l’ancien propriétaire de cette partie du plateau à partir des années 70 m’a raconté avoir connu cet aven, situé une centaine de mètres au sud du bâtiment agricole. Un trou sans doute important puisque « ça faisait du courant d’air et tout ! ». Il l’a finalement bouché avec des pierres et de la terre, et n’en a plus entendu parler jusqu’à son départ de cette terre, qu’il a vendue plus tard.

L’agriculteur qui a pris sa suite m’a raconté en 2005 qu’une cavité s’était ouverte sous les roues de son tracteur dans les année 90, à proximité immédiate du bâtiment agricole, Il l’avait rebouché avec une grande quantité de pierres et qu’il n’avait plus eu de nouvelles depuis.

En avril 2010, un petit effondrement s’est produit sur le plateau, au beau milieu d’un champ cultivé, à environ 130 mètres au sud du bâtiment agricole. Le propriétaire exploitant des lieux m’a dit que cela faisait la troisième fois qu’il s’ouvrait, que les deux fois précédentes il l’avait rebouché avec des pierres, mais que cette fois le trou lui semblait trop grand pour qu’il rebouche encore. De fait, l’ouverture a la forme d’un ovale de 2 mètres sur 1m50, et sous le sol elle s’étend assez largement dans un axe presque nord-sud. Le sol est descendu d’un mètre environ, et l’on n’y aperçoit aucune pierre. Tout cela laisse supposer qu’il y a là-dessous une cavité d’une certaine importance.

Situation générale de l’effondrement

La synthèse de ces maigres informations difficiles à recouper semble donc indiquer qu’il y aurait au moins deux cavités distinctes :

  • une cavité à environ 100 mètres au sud du bâtiment agricole, peut-être correspond-t-elle à l’effondrement de 2010
  • une cavité à proximité immédiate du bâtiment, rebouchée et invisible

Sujet à « creuser » donc.

Dans un autre ordre d’idée, la tradition orale locale prétend qu’existerait entre le hameau de Tardonnenche et le versant nord du plateau un passage souterrain. Pour « preuve » : un chien de chasse aurait un jour disparu d’un côté et serait réapparu plus vite que de raison sur l’autre versant… Une telle cavité passerait sous la zone étudiée précédemment, et l’on aimerait imaginer qu’elle forme un ensemble unique avec le – ou les – aven(s) de Tardonnenche. Malheureusement, l’hypothèse est plus que douteuse : quel chien parcourrait de son plein gré un dédale de plusieurs centaines de mètres – a supposer qu’il existe ! – dans le noir absolu ? De plus, les spéléologues le savent bien : en milieu souterrain on progresse beaucoup moins vite qu’à l’air libre.

Mais l’anecdote n’est pas étonnante : ce type d’histoire se raconte presque systématiquement sur tous les territoires à grottes, et même en dehors. Les humains ne pénètrent pas volontiers le monde souterrain, mais ils fantasment beaucoup à son sujet !

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