Les terra rossa, ou « Terres rouges »

Au moment des labours sur les causses et la can de l’Hospitalet, la terre rougeâtre qui permet la culture attire l’oeil sur le fond des dolines. On a cru longtemps que ces « terra rossa » provenaient simplement de la dissolution du calcaire et étaient constituées des impuretés, non solubles, que celui-ci pouvait contenir : argile et fer.

Mais des observations récentes permettent de détecter que ces terres rouges contiennent également de petits grains de quartz et des minéraux résistant bien à l’altération qui n’existent que dans les roches de la périphérie des grands causses : Rouergue, Margeride, Cévennes… et pas du tout dans les calcaires eux-mêmes. Elles ont donc été, au moins en partie, importées.

Cette importation a été rendue possible par l’existence, voici 5 à 10 millions d’années, d’anciens cours d’eau venus des massifs cristallins voisins (à l’époque plus élevés que les causses), qui ont déposé leurs alluvions, débris de schiste et de granite (qui contiennent eux aussi du fer), sur le calcaire, ou elles se sont mélangées avec les débris rocheux locaux.

Ces « paléo rivières », dont on trouve encore des traces, avaient probablement des tracés assez sinueux et changeants, comme sur les grandes plaines alluviales actuelles, car leur pouvoir érosif était presque nul en raison de leur faible pente. Les dépôts se faisaient donc de manière variable, en fonction des pentes locales, du débit, etc…

Une forte altération favorisée par le climat tropical qui régnait alors dans la région a ensuite transformé ces alluvions en sols rouges car le fer issu des deux origines s’est oxydé et a pris cette couleur caractéristique. Certaines terres rouges sont aujourd’hui suffisamment riches en fer pour être exploitables. Les galets de schiste et de granite apportés par les cours d’eau ont disparu et seuls les minéraux les plus résistants (quartz…) ont subsisté. On en trouve facilement dans les terres rouges, c’est un signe indéniable de présence d’alluvions apportés.

Sur le Causse Noir des alluvions altérées dessinent, depuis Servillères jusqu’au Luc et au-delà, le tracé d’un ancien cours d’eau, transformé maintenant en vallée sèche. Le plus souvent ces anciennes vallées sont difficilement reconnaissables car des dépressions plus ou moins vastes (dolines, ouvalas, poljés), en se mettant en place, ont piégé les sols d’origine alluviale et effacé le tracé ancien. (rgp, p. 27).

Sur la can de l’Hospitalet, on rencontre des sols rouges en de nombreux endroits. Le meilleur exemple se trouve comme il se doit à Terre rouge.

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