L’union des communautés cévenoles contre la famille de Gabriac

Sur la can de l’Hospitalet et dans les environs, dès 1601 les de Thézan, seigneurs de Barre et de Saint Laurent, et les de Gabriac, seigneurs de Saint Julien d’Arpaon et de Gabriac, s’affrontent dans d’obscures querelles qui dissimulent vraisemblablement une volonté de suprématie de la part de chacune des deux familles les plus importantes des Cévennes du Bas-Gévaudan (hvc p. 74). Des batailles rangées font des dégâts de part et d’autres, mais aussi chez les paysans dont les terres, biens et familles font les frais de ces affrontements.

Le 17 novembre 1615, le duc de Ventadours, lieutenant général du gouverneur du Languedoc, enjoint à tous les consuls des communautés des Cévennes de « courir sus aux Gabriac et de les tailler en pièces ainsi que leurs complices ».

Le 16 janvier 1617, une ordonnance du duc de Montmorency, gouverneur de la province du Languedoc, condamnait Jacques de Gabriac et des complices, par défaut à la peine de mort, et ordonnait « le siège, conduite de canon, desmolition et rasement des châteaux de Gabriac à Saint Julien d’Arpaon ».

Cette décision mit plusieurs années à être appliquée. Ce n’est en effet qu’en août 1619 que le château de Saint Julien d’Arpaon est assiégé par l’union. L’affaire est difficile, il faut aller chercher un canon à Meyrueis.

Nous connaissons, par le registre de Jean Delpuech, l’odyssée du retour du canon à Meyrueis. Il est facile d’imaginer ce que fut l’aller. Le canon part de Meyrueis, sur son affût à roues, vraisemblablement tiré par des boeufs. Arrivé à Cabrillac, on trouve plus pratique d’abandonner l’affût et de tracter le canon sur un traîneau. L’itinéraire suivi fut sans doute Cabrillac, le col Salidès, la Can de l’Hospitalet, la Can de Ferrières, la Can de Balazuègnes, Saint -Julien-d’Arpaon. Le château de Saint-Julien étant pris, le canon de Meyrueis suit l’itinéraire en sens contraire. Un soir de septembre 1619, Jean Delpuech paie 121ivres de pain pour nourrir «les 120 prisonniers qui traînaient le canon » et qui bivouaquent à L’Hospitalet. Quelques jours après, Jean Delpuech envoie deux muletiers de Vébron pour récupérer à Barre un baril de poudre à canon pesant 1 quintal et demi (75 kg). Enfin, le 1er janvier 1620, il fait conduire à Meyrueis «les roues de l’affût du canon dudit Meyrueis qui étaient à Cabrillac». Le transport d’un canon n’était donc pas une petite affaire. Mais on ne pouvait s’en passer pour prendre de force un château comme celui de Saint-Julien !

Les Communautés unies s’étaient attaquées à un puissant adversaire. Le château de Saint-Julien est finalement pris, mais il est repris, car les Gabriac connaissaient à fond l’art militaire et les ruses de guerre. Finalement, Claude de Gabriac eut le dernier mot, le 22 mars 1617. La chambre de Guyenne, siégeant à Nérac, casse tous les arrêts rendus en faveur des « Communautés unies » et alloue 82 000 livres de dommages-intérêts à Claude de Gabriac. Quelle amertume durent éprouver les communautés membres de l’Union, sacrifiées à un féodal sans scrupules! Du moins avaient-elles appris à travailler et à combattre ensemble. (hvc, p.76)

100 ans plus tard, des écrits témoignent que le château de Saint Julien semble en bon état. Sans doute a-t-il été rebâti.

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