La grotte de Milord au castélas de Barre-des-Cévennes

Photo ci-dessus : Vue générale du site du castelas de barre, à proximité de la grotte de Milord. Au premier plan, un affaissement circulaire comblé, qui pourrait être en relation avec la grotte dont la galerie principale passe probablement à proximité immédiate

La grotte de Milord est une petite cavité située au sommet du Castelas de Barre des Cévennes, autrefois bien connue et fréquentée par les enfants du village qui venaient y faire des bêtises, à en croire les récits de l’un d’entre eux qui préfère garder l’anonymat ! Géologiquement parlant, il s’agit d’une petite rivière souterraine fossile dont le lit, à sec depuis longtemps, a été recoupé en plusieurs endroits par la petite falaise du versant sud du castelas.

De ce fait, plusieurs tronçons sont accessibles ou tout du moins visibles. Appelons les tronçon 1, 2 et 3, d’est en ouest. Ces trois entrées sont maintenant très embroussaillées, mais elles sont tout de même faciles à repérer par le haut car elles sont matérialisées par 3 échancrures nettes et profondes qui se succèdent dans la falaise en quelques dizaines de mètres.

L’entrée n°2 de la grotte de Milord est située entre le bloc et la falaise
Fenêtre dans l’entrée n°2
Dans le bras principal de la grotte de Milord, à quelques mètres de l’entrée n°2

Le plus grand des trois est le tronçon numéro 2. C’est un méandre assez étroit qui s’ouvre entre un gros bloc décollé de la falaise et la falaise elle-même. La galerie part plein est, ses dimensions s’amenuise assez rapidement, et devient franchement malpratique après 7 ou 8 mètres. Le sol est entièrement organique, sans doute composé de milliers de crottes de renards, car à en croire les rares habitants de Barre qui connaissent ce lieu, la grotte est leur repaire favori. Sans doute un nettoyage permettrait de gagner en hauteur de de rendre la galerie pénétrable sur une plus grande distance.

Le tronçon numéro 1, à l’est, se subdivise immédiatement en 2 diverticules immédiatement colmatés par le même genre de sol organique. Une troisième ouverture, au ras du sol côté ouest, est impénétrable mais donne accès à une galerie de taille pénétrable (40 cm de large sur 80 de haut environ) qui part perpendiculairement à la falaise.

Le tronçon 3 est entièrement bouché dès le départ. Il part perpendiculairement à la falaise, son plafond a cédé sur quelques mètres, ce qui permet de constater que la galerie semble large et confortable. Des amas de broussailles et de cailloux y ont été entassés, sans que je puisse déterminer si l’objectif était de le boucher ou de l’utiliser comme une poubelle pratique… Quelques mètres au dessus de cette entrée, un effondrement circulaire, lui aussi comblé, pourrait correspondre à un effondrement donnant sur le réseau.

Rien d’extraordinaire pour le moment, donc. Mais la localisation de la grotte, sur un piton à l’histoire ancienne et riche, et les signes de l’existence de partie de réseau pénétrables aux entrées 1 et 3, en font un endroit intéressant à étudier de plus près.

Le profil du tronçon bouché (entrée n°1), nettement façonné par l’eau

Beaucoup d’histoires circulent sur cette grotte. Les explications du nom de « Milord » sont nombreuses sans qu’aucune ne soit totalement satisfaisante. Un habitant de la commune m’a expliqué qu’il provient du fait qu’un aviateur anglais se serait caché dans la cavité pendant la seconde guerre mondiale… Mais les informations rassemblées par Daniel André (paragraphe suivant) infirment cette hypothèse puisque le nom existait bien avant la guerre. Il s’agit sans doute d’une « légende » locale née du fait que deux terrains de parachutage clandestins ont fonctionné à quelques kilomètres de là à la fin de la seconde guerre mondiale : Quincaille et Tribunal.

Les échancrures de la falaise du castelas marquent les entrées n°3, 2 et 1 de la grotte de Milord
Entrée n°3
L’affaissement, au dessus des grottes

« L’attribution du nom « Milord » à cette cavité remonte au moins à 1895, année où elle a été mentionnée pour la première fois. J’ignore quelle est la raison de cette appellation ; sans doute le sobriquet de quelqu’un qui y avait ses habitudes…. A moins que ce nom ait un rapport avec ce qui suit. L’historien Jean-Paul Chabrol a raconté la légende de la « chèvre d’or », qui aurait été cachée dans un « mystérieux souterrain » allant du Castélas (ancien château de Barre) à celui de Terre-Rouge, à quelques kilomètres de distance sur la Can ; d’après son propre grand-père qui le lui avait dit dans son enfance, ce souterrain n’était autre que la grotte de Milord ! Mais cette légende ne résultait que d’un fait divers, certes peu banal : le double décès le 9 juin 1762 de Pierre Figuière (protestant) et du maçon Jean Bertrand (catholique) qu’il avait employé, celui-ci ayant reçu le corps du premier après rupture d’une corde ; ils étaient occupés à creuser un profond puits dans le village de Barre, à la recherche d’un trésor ! L’appellation « Milord », qui signifiait jadis au figuré et populairement « homme très riche », peut avoir été donnée à ce « souterrain » en souvenir du chercheur de trésor barrois dont ce pouvait être le sobriquet, ceci après que l’emplacement exact du puits qui avait été foncé ait été complètement perdu. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *