Souvenirs de parachutage sur la can de Ferrière

Voir aussi le témoignage de Jean Bonijol

M. Guitard, de Saint Julien d’Arpaon, raconte que les parachutages se font généralement en trois passes, largués depuis des avions volant à environ 200 mètres au dessus du site. Marceau Jouve des Bouars ajoute que la précision n’était pas des plus grande : il fallait quadriller une très large zone pour retrouver les colis, et certains auraient parait-il été retrouvés… des années plus tard ! D’après Henri Roume, les avions anglais, qui faisaient la majorité des parachutages, volaient bas (« on voyait très bien le bonhomme », dit Mr Roume) et pouvaient ainsi faire des parachutages précis, alors que les avions américains volaient trop haut, et du coup … « Pfou, y en avait partout ! ». Une fois, sur le coup de minuit, toute l’équipe de réception dort à poings fermés. C’est le bruit de l’avion anglais, à ras de terre, qui réveille tout le monde !

Sur Quincaille, dès qu’un largage est terminé, des chars à bœufs venus des hameaux avoisinants (Ferrière, les Bouars, le Bosc… Henri Roume cite entre autre les familles Bancilhon et Martin de Ferrière) venaient discrètement récupérer les marchandises, en prenant soin de bourrer les cloches de tissus pour ne pas qu’elles sonnent inconsidérément. Ils les camouflaient tout d’abord dans la « forêt de pin qui était à 2 ou 300 mètres du terrain » avant de les emmener au col du Rey, ou passait la route goudronnée. Là, des véhicules à moteur les attendaient là pour les envoyer vers les différents maquis des environs.

Il fallait agir rapidement, car dès le petit matin, le « mouchard » allemand (un avion de reconnaissance), venait quadriller les environs pour essayer de trouver des traces du terrain… Il faut dire que, comme le raconte Henri Roume, pour « prendre le terrain » les avions devaient faire un « large virage, au dessus du col de Montmirat, presque jusqu’à Mende »… autant dire que les autorités allemandes savaient parfaitement quand un parachutage avait lieu.

Marceau Jouve avait 10 ans a cette époque. Il m’a raconté que « cette nuit là », il avait entendu des avions tourner tout proche dans le ciel. Intrigué, il s’était mis à sa fenêtre, mais ses parents lui avaient dit de se recoucher et de ne pas s’occuper de tout ça. Dans son souvenir, il n’y a donc eu qu’une seule nuit… une sorte de condensé des opérations dans sa mémoire d’enfant ? Ce dont il se rappelle par contre très bien, c’est la chemise bleue que sa maman lui a cousue quelques temps plus tard dans un morceau de toile de parachute qu’elle avait pu récupérer. Il parait que c’était de la bonne qualité.

La qualité de la marchandise reçue, par contre, n’était pas toujours au rendez-vous. Comme en témoigne Bonijol lui-même (chef de l’équipe de réception sur Quincaille), « les armes étaient parfois fort diverses et provenaient certainement de front d’Afrique : armes italiennes, allemandes, américaines, anglaises… mitraillettes, FM, mortiers; Il arrivait que les munitions correspondantes soient séparées des armes… ce qui posait de sérieux problèmes de triage, dans les camps FTP… »

Mais surtout, ces armes arrivent bien tard : lors des premiers parachutages, le débarquement de Normandie a déjà 2 mois !!!

A cette époque, Henri Roume (« Ritt » de son nom de code) vivait à Barre. Il n’était pas dans la clandestinité mais était en relation avec le maquis Aigoual-Cévennes, équipe de Saint-Julien d’Arpaon. Il était « chef de sizaine ». Son équipe était en fait constituée de plus de 6 personnes, réparties sur Saint Julien d’Apraon, Ferrière, le Masbonnet, Pompidou… Durant un temps il participait à des entraînements au Bartas, puis lorsque les parachutages ont commencé, il a reçu pour mission de se consacrer à leur réception, sous la responsabilité du « Service d’Opérations Aériennes Maritimes » (SIAM). Il participait à la récupération des parachutage sur Quincaille et Tribunal.

Il était informé dans la journée d’un parachutage le soir, et avait alors pour mission d’organiser la récupération du matériel par son équipe, qui venait au complet en cas de gros parachutage, ou en effectif réduit pour les petits parachutages. Un soir, deux parachutages ont eu lieu sur les terrains très proches de Quincaille et Tribunal. Il avait fallu constituer deux équipes différentes.

Henri Roume raconte que des sentinelles étaient placées autour des terrains pour avertir l’équipe d’une éventuelle attaque allemande.

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