Les deux Bramont du Mont Lozère

En attendant de trouver le temps d’écrire moi-même sur cette passionnante rivière du Mont Lozère, et de vous proposer une balade qui permet de la découvrir sur le terrain, j’emprunte les mots de wikipédia, sans doute eux-même tirés des écrits de Daniel André qui a eu un rôle décisif dans cette histoire.

« Le Bramont est une rivière très particulière en ce sens que ses eaux constituent, via son lit subaérien, un affluent majeur du Lot, mais aussi, via une capture souterraine, un affluent occulte du Tarn ! Le phénomène est connu depuis toujours; des documents d’archives en font état depuis 1807.

Le Bramont coule, depuis sa source sur le Mont Lozère, sur un substrat granitique ; quand il touche aux formations calcaro-dolomitiques du plateau hettangien des Bondons, via une cuesta établie sur faille, il se perd en partie dans trois zones d’absorption liées à une caverne qui a été explorée à partir de 1987 (grotte-perte du Bramont, qui développe 2500 m de galeries); la résurgence se fait dans le vallon des Combes où elle donne naissance à un cours d’eau appelé lui aussi « Bramont » ; ce ruisseau se grossit de venues d’eau pour former un affluent du Tarn au lieu-dit « Le Cantonnet ».

Au moins trois procès ont eu lieu durant le XIXe siècle en raison du fait que les « gens du plateau supérieur » bouchaient les pertes, afin d’en priver les « gens du plateau inférieur »; ces derniers ne se privaient pas d’aller rouvrir les pertes, d’où de nombreux conflits comparables à ceux racontés par Marcel Pagnol dans « Jean de Florette » et « Manon des Sources »; les « anciens » du plateau supérieur relevant du seigneur local (famille de Malafosse) avaient même inscrit dans le roc et l’arène granitique un lit de dérivation qui permettait d’éviter à l’eau d’arriver à la cuesta calcaro-dolomitique; un petit barrage en amont sur le cours de la rivière dirigeait cette capture dont la résultante était l’assèchement complet du lit normal de la rivière sur près d’un kilomètre. Les vallons des Combes, de Nozières et d’Ispagnac étaient alors privés d’eau; les neuf moulins qui étaient essentiels à l’économie locale l’étaient aussi…

Une décision ministérielle, datée du 9 juin 1869 (ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics) a ordonné au préfet de la Lozère de faire appliquer le jugement rendu en 1822 suivant lequel il était interdit de toucher aux pertes et qu’il fallait que la répartition des eaux soit équitable des deux côtés. Cette décision ministérielle a toujours cours de nos jours, ce qui n’a jamais empêché nombre d’opérations clandestines, non plus que l’autorisation de captage des eaux (en amont) pour la consommation humaine du Causse de Sauveterre entier, ce sans prendre en compte l’impérieuse nécessité de laisser la moitié du débit originel transiter sous terre pour rejaillir aux Combes. Un projet d’occlusion définitive des pertes a même vu le jour, voici quelques années, pour permettre la formation d’une retenue collinaire destinée à permettre l’irrigation agricole des secteurs proches… La mairie d’Ispagnac a fait jouer la décision ministérielle afin de contrecarrer ce projet; on constate que ce dernier n’a jamais abouti. Il aurait mis fin à un remarquable phénomène naturel dont il n’existe en France que très peu d’exemples comparables.

Il y a lieu d’indiquer que le Bramont se perdait, voici des centaines de millénaires, dans une autre caverne: la grotte de Malaval; les eaux qui étaient alors dérivées souterrainement accomplissaient un long voyage (plus de 3500 m en projection horizontale, au sein d’une caverne développant plus de 12 000 m de galeries) avant de revoir le jour au lieu-dit Monteils, donnant le jour à un ruisseau affluent du Briançon, lui-même affluent du Tarn.

Il n’y a pas, en France, de rivière pareillement écartelée ! Car d’autres pertes, inférieures celles-là, affectent son cours et là encore au profit d’un autre bassin; plusieurs colorations l’ont prouvé (plusieurs pertes); la perte la plus spectaculaire qui a révélé au public ces phénomènes s’est ouverte brusquement en novembre 2003.

Les pertes supérieures du Bramont peuvent naturellement se boucher ou se déboucher; il en résulte des débits forcément fluctuants relevés dans le cours aval sans que cela ne soit en rapport avec la pluviométrie.« 

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