Journal d’une découverte paléontologique

Les champignons, ça mène à tout. Ecoutez plutôt.

Ce jour là, comme à son habitude, Sophie était en chasse autour de ronds de sorcière censés héberger des Mousserons de la Saint-Georges ou quelque autre espèce fongique dont je n’ai pas mémorisé le nom. Moyennement motivé par cette quête, je baguenaudais dans les travers non loin de là, suivant une trajectoire erratique qui n’avait d’autre objectif que de passer le temps. La parcelle, récemment défrichée, présentait une surface chaotique, entremêlement de souches calcinées, de cailloux entassés et d’épineux en reconquète. Passant sans y faire attention au pied d’une bande rocheuse, je sentis s’allumer le petit avertisseur que connaissent tous les passionnés de prospection archéologique. « Qui sait ? ne sois pas fainéant, jette un oeil ! ». Je fis donc demi-tour pour comprendre ce qui avait déclenché ce signal. Là, sur la surface rocheuse, se dessinait une trace de dinosaure.

Je l’identifiai facilement : elle appartenait à l’Ichnoespèce bien connue depuis longtemps dans les environs : Grallator minusculus. Depuis la découverte des premières empreintes sur le castelas de Saint-Laurent-de-Trèves dans les années cinquante, des dizaines de sites ont été répertoriés, à tel point que tout ce secteur des grands causses est décrit par les paléontologues comme un immense « méta site » unique. Trouvaille modeste donc, mais plaisante tout de même, car la configuration des lieux, presque horizontale, semblait permettre de décaper facilement une assez large surface, sur laquelle je n’en doutais pas se trouvaient forcément d’autres empreintes, peut-être nombreuses. Et ça, ce n’était pas si courant.

Fièrement, je montrais ma trouvaille à Sophie, qui acquiesca avec bienveillance, avant de s’en retourner vers ses amoureux à pieds et chapeaux. Il valait mieux que je m’adresse à quelqu’un d’autre si je voulais recevoir quelques félicitations.

Nous avons une chance formidable, en Lozère : dans ce minuscule département est né l’un des Dieux français des empreintes de dinosaures. En enfant du pays, il revient régulièrement assouvir sa passion dans les calcaires des grands causses. Je l’appelai immédiatement. Il vint. Sans sauter au plafond car il en avait vu bien d’autres, il prit la chose au sérieux, et entama immédiatement l’établissement d’un relevé de terrain. En vue : une demande d’autorisation pour ouvrir une fouille en règle.

La suite ? Comme vous, je l’ignore. Mais je vais suivre l’affaire de près, croyez-moi, et je vous tiendrai au courant. Mais ne soyez pas trop pressés, car une telle demande constitue une opération administrative hasardeuse. Je l’ai déjà vécue après une découverte archéologique dont j’attends l’aboutissement depuis de nombreuses années.

A bientôt j’espère !

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