Si l’on s’en tient à une définition stricte de ce qu’est la musique verte, un seul outil serait sans doute « autorisé » : la main !
Il est vrai qu’avec les mains il est déjà possible de réaliser un grand nombre de choses : sifflets d’herbe, hautbois de pissenlit, sifflets de lierre, guiros de cardère (en se piquant un peu, sans doute)… pouvoir en faire autant sans aucun accessoire permet au passage de rendre toutes ces petites manips accessibles à des enfants encore petits… Malgré tout, le besoin d’outils supplémentaires se fait rapidement sentir pour aller plus loin. Voici ceux que j’utilise :
L’indispensable
Le couteau
Il permet de réaliser un très grand nombre d’instruments supplémentaires. Sifflets de frêne, flûtes de pan d’ombellifères, pipoirs… Ne pas en avoir est absolument rédhibitoire. Vous l’avez reconnu ? C’est le couteau, bien sûr !
Pas besoin d’un outil de guerrier. Un petit couteau à lame bien fine, type couteaux de cuisine, est parfait. L’opinel est bien aussi. Un certain nombre de couteaux de terrain réputés, comme les Laguiole ou autres, ont par contre une lame un peu trop épaisse qui peine à pénétrer en profondeur dans des fibres végétales.
Il faudra que ce couteau … coupe, et très bien ! Faire de belles entailles propres, éviter de casser un tube d’ombellifère… ça ne se réussit qu’avec une lame parfaitement aiguisée.
La question de la sécurité, avec les enfants en particulier, se pose évidemment immédiatement. Je ne suis pourtant pas certain qu’un couteau mal aiguisé soit moins dangereux car il oblige à forcer pour être efficace. Il faut juste apprendre aux débutants les bons gestes, qui consistent en particulier à ne jamais mettre un bout de chair dans la trajectoire de coupe. Je crois bien que ça fait quelques années que je ne me suis plus fait la moindre minuscule entaille avec un couteau, c’est possible.
Les outils de confort
Ils permettent de fabriquer un ou deux instrument supplémentaires, ou de travailler plus vite et mieux.
Le sécateur
Dès qu’il s’agit de couper des végétaux plus résistants que de l’herbe ou une ombellifère, comme des rameaux de frêne par exemple, le couteau devient mal pratique : il faut tourner et retourner l’objet à couper, et au final on casse le cœur pour aller plus vite. Le sécateur permet d’aller beaucoup plus vite, et surtout d’obtenir des coupes franches. Le sécateur doit impérativement avoir deux qualités. Il doit être très bien aiguisé, sous peine d’écraser le bois, et il doit être solide, plutôt avec des poignées en métal. Idéal : les outils à « serrages multiples » (on peut procéder en plusieurs pressions successives pour couper une branche récalcitrante).
La ficelle
Un certain nombre d’instruments nécessitent de relier ensemble plusieurs éléments séparés. Bien sûr, il est possible de réaliser des ligatures avec des herbes, plates ou rondes. Mais assembler une flûte de pan de 10 ou 15 tubes ou une marimba de renouée avec de l’herbe, c’est vraiment, vraiment plus délicat. Alors je m’autorise ce petit extra. Une ficelle de chanvre assez fine permettra de faire à peu près tout ce dont on a besoin, par contre elle se détendra rapidement, ce qui obligera à retendre l’assemblage quelques jours après la fabrication. Moins « vert », mais plus efficace et durable : la ficelle de nylon tressé.
Une lime ronde fine
Elle sera utile pour bien nettoyer l’intérieur des tubes creux, vider les rameaux de sureau, créer l’encoche d’une kéna… Un tube mal nettoyé sonnera mal, produisant beaucoup de souffle d’air pour peu de note utile. Choisissez un petit diamètre (genre 5 mm) pour entrer dans des tubes de petites dimensions, et la plus grande longueur possible.
Pour les tubes très longs il vous faudra fabriquer votre outil vous même : procurez-vous une barre de fer plat, de diamètre inférieur à celui du tube, collez dessus du papier de verre de différents grains (ou faites plusieurs outils).
Une petite scie
Pour couper des rameaux de bois trop épais ou trop durs pour le sécateur, comme par exemple les gros rameaux de sureau utiles à la fabrication des kénas ou de Kavals. Une scie à métaux sera parfaite.
Du papier de verre
… pour faire de belles finitions. En particulier, adoucir les bords des flûtes de pan, parties qui seront en contact avec les lèvres, et râperont cruellement si elles ne sont pas finement poncées.