Pour jouer les altérations

Actuellement l’immense majorité des flûtes de pan vendues dans le commencer un peu partout dans le monde sont diatoniques. Elles sont conçues pour jouer dans une tonalité prédéfinie. Comment faire pour les utiliser dans d’autre tonalités, ou jouer dessus des notes qui ne font pas partie des notes de base de la tonalité pour laquelle la flûte est conçue (ce qu’on appelle des altérations accidentelles) ?

Pour jouer dans une autre tonalité

Pour les altérations qui sont à la clé (valables pour tout le morceau), il est possible de diéser des notes en mettant au fonds du tube une certaine quantité de sable ou quelque chose d’approchant. Cela revient en fait à couper le tube. Avantages de la méthode : on obtient une autre flûte diatonique, on n’a plus qu’à jouer sans se préoccuper des altérations, c’est bien pratique. Inconvénients : c’est un peu long et précis à faire, si vous devez réaccorder votre flûte entre deux morceaux sur scène ça sera chaud ! Il vaut mieux alors avoir plusieurs flûtes « préparées » à l’avance.

Dernier inconvénient : cette technique ne fonctionne que pour monter une note, pas pour la baisser. A partir d’une flûte en Do majeur, par exemple, ça ne permettra donc que de jouer dans les tonalités à dièses, et pas les tonalités à bémols !

Pour jouer des altérations accidentelles

Pour les altérations accidentelles, le problème est différent : il faut pouvoir jouer dans le même morceau la note altérée, mais aussi la note non altérée. Il n’est donc pas possible d’arranger la flûte.

Dans la majorité des musiques traditionnelles utilisant la flûte de pan, il n’y a pas d’altérations accidentelles, donc le problème est résolu. C’est de Roumanie que vient la solution, car leurs musiques sont souvent pleines d’altérations accidentelles (le fameux son « balkans »). Ils ont mis au point une technique pour cela qui utilise la position de la flûte et de la bouche.

La flûte est penchée

Pour jouer une note plus grave que la note moyenne du tube, il faut relever le bas de la flûte vers l’avant et le haut, en essayant de souffler plus vers le bas. Plus le geste sera ample, plus la note produite sera grave.

Au contraire, pour jouer une note plus aigüe, il faut tirer le bas de la flûte vers le torse en soufflant le plus possible vers le haut. Plus ce geste est ample plus la note produite est aiguë.

Cette technique fonctionne très bien pour les notes aiguës de la flûte, mais l’importance de la modification de la note en fonction du geste diminue au fur et à mesure qu’on s’approche des graves. En d’autres termes : pour les tout petits tubes on arrive parfois à gagner un ton vers le haut ou le bas, pour les tubes moyens on parvient au demi-ton, pour les tubes graves la méthode ne suffit plus à atteindre le demi-ton nécessaire. Disons que la méthode marche pour les tubes de moins de, disons, 20 centimètres.

Autre inconvénient de la méthode : dès qu’on s’éloigne de la position normale du tube, le son produit est un peu moins pur, plus chargé en souffle… ce défaut est peu perceptible pour les petits tubes, beaucoup plus pour les grands.

Dernier inconvénient : cette technique demande pas mal de travail car l’inclinaison varie avec chaque tube. C’est un peu comme le violon, si on n’est pas exactement à l’inclinaison voulue c’est faux ! Dur dur pour jouer des morceaux rapides à la Georges Zamfir !

Si vraiment vous comptez approfondir le jeu chromatique de la flûte de pan, peut-être sera-t-il finalement plus simple de vous fabriquer une flûte chromatique…

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