Les sifflets d’herbe

L’herbe verticale entre les pouces

Voilà probablement LE instrument de musique verte que presque tout enfant a pratiqué. Vous vous rappelez : on choisissait une herbe plate et on la plaçait, bien tendue, dans la petite fente qui subsiste entre les deux pouces lorsque l’on plaque les deux mains l’une contre l’autre. C’était difficile car il fallait tenir l’herbe pour la mettre en place, mais la main qui la tenait devait aussi servir de support, alors on était maladroits, on n’y arrivait pas… Malgré tout, à un moment, l’herbe était en place, alors on appliquait les lèvres contre la fente des pouces, et on soufflait. La première fois on soufflait très fort, et ça faisait juste un bruit de vent, alors on soufflait encore beaucoup plus fort, et l’herbe cassait, et les copains rigolaient. Alors on recommençait plein de fois, jusqu’à comprendre qu’il fallait souffler moins fort. A un moment le premier son sortait, il ressemblait au chant d’un coq enroué parce que l’herbe n’était pas assez tendue. Mais c’était déjà une grande victoire. Alors on recommençait encore, en on progressait à chaque fois, la note devenait plus aiguë, et plus stable, et puis à la fin elle était claire et belle. C’est ça, la base du sifflet d’herbe. La manip la plus simple de la musique verte.

La position académique

Refaites les essais de votre enfance. Choisissez des limbes de graminées, bien plats, pas trop rigide sinon le son ne sortira pas, pas trop tendres sinon la feuille cassera avant de sonner. Attention, lors de la cueillette, faite attention à ne pas se couper, c’est vite fait avec les plus costaudes !

Maman, j’y arrive

Lorsque vous sortirez le son, vous pourrez le faire varier en pliant plus ou moins les pouces (ce qui tend plus ou moins l’herbe), ou en ouvrant et fermant la cavité formée par les deux mains derrière l’herbe (ça donnera quelque chose comme un vrombissement d’insecte, par exemple).

Hé oui, pour les « vieux » c’est parfois difficile de retrouver le geste !

L’herbe horizontale entre les doigts

Si la méthode décrite ci-dessus est sans doute la plus connue, ce n’est ni la plus simple à pratiquer, ni la plus performante en terme de modulations. L’autre méthode consiste tout simplement à tenir l’herbe horizontale, entre les pouces et les index de chaque main. Laissez libre entre 1 et 2 centimètres de longueur d’herbe, tendez la un peu mais pas trop pour ne pas qu’elle se brise. Placez l’herbe à la commissure des lèvres et soufflez. Attention, ça peut chatouiller un peu.

Il est très facile de moduler les sons obtenus :

  • en tendant plus ou moins l’herbe. Plus vous tirez, plus le son obtenu est aigu.
  • en rapprochant plus ou moins les doigts. Plus ils sont proches, plus le son est aigu.
  • en enfonçant plus ou moins l’herbe entre les lèvres. Des sons peuvent être émis alors que l’herbe ne touche même pas la commissure des lèvres, mais si vous écartez suffisamment les doigts, vous pouvez aussi la placer entièrement entre les lèvres, qu’il faut alors desserrer un peu.

Pour l’une ou l’autre de ces trois méthodes, essayez avec tout ce qui vous passe sous la main : herbes de diverses espèces, feuilles d’arbres (le Robinier faux acacia, en particulier, semble bien fonctionner). Ça fonctionne presque toujours, mais chaque végétal a ses particularités propres et on peut s’amuser à l’infini ! Avec un peu d’habitude, vous réussirez à jouer de petites musiques, et à imiter des bruits d’animaux ou de machines.

Voici quelques champs d’expérimentation intéressante :

  • utiliser deux herbes. Votre souffle va les faire vibrer l’une contre l’autre, ou les écarter… plein de nouveaux sons en perspective ! Profitez-en pour essayer avec 3 ou plus.
  • fendre l’herbe en 2 sur une partie de sa longueur. Plusieurs sons vont se mélanger
  • « titiller » l’herbe avec la langue (dans la version ou l’herbe est enfoncée entre les lèvres) permet d’ajouter des rythmes
  • lorsque l’herbe est enfoncée entre les lèvre, la technique fonctionne en soufflant mais aussi en ASPIRANT ! si si ! Pas aussi bien qu’en soufflant, mais ça marche. Avec un peu d’habitude, une alternance aspiré / soufflé produira le cri déchirant d’un âne asthmatique le soir au fond d’une prairie perdue dans la brume.
  • Sur des coups de sifflet assez brefs (moins de 1 seconde), commencez herbe lâche, et tendez la progressivement. Le son produit commencera grave et peut se terminer très aigu : avec un peu d’habitude vous y reconnaîtrez le chant de la chouette hulotte femelle.

C’est sans fin !