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Rubrique : Généralités

Les Cévennes... c'est quoi, c'est où ?

Impossible de consacrer un site aux Cévennes sans se le demander : "les Cévennes, qu'est-ce que c'est, au juste ?". Cette question apparemment anodine n'a pas de réponse simple, car au sein d'une vaste et indéfinissable zone du sud-est de la France, tout le monde veut en faire partie ! Etre cévenol semble en effet constituer une qualité qui vous hisse très haut dans la hiérarchie des terroirs français. Dans l'imaginaire local, un cévenol, c'est un peu comme un corse ou un basque : un personnage haut en couleurs, riche, à part du troupeau des français ordinaires. Pourquoi ? Je ne sais pas. Sans doute parce que ce terme véhicule des images très fortes, tant en terme d'Histoire (les camisards, la résistance, etc...), de paysages forts (les gorges du Tarn, les vallées schisteuses, le granite du Mont Lozère...), de gastronomie (la châtaigne, le pélardon, les cèpes...), de climatologie (les fameux "épisodes cévenols") et bien sûr de culture et de religion (les protestants).

Etre cévenol permet de revendiquer à son propre compte tout cet héritage. Voilà qui est intéressant. Du coup, on peut voir apparaître la mention "cévenol" sur le fronton de magasins (genre "A la brocante cévenole", "Les caves cévenoles", "Pompes funèbres cévenoles"...) depuis Aubenas en Ardèche jusqu'au Vigan dans le Gard en passant par Marvejols au nord de la Lozère... Pour un peu, toute la France serait cévenole !

Alors, finalement, ces Cévennes, c'est quoi ? Pour ne fâcher personne, je vais essayer d'en donner plusieurs définitions, plusieurs contours. L'honnêteté intellectuelle m'oblige à préciser que parmi celles-ci, certaines dénominations et délimitations sont communément reconnues aujourd'hui, alors que d'autres résultent d'interprétations strictement personnelles, ou faisant allègrement appel à un mauvais esprit flagrant.

La minuscule "Cévenne des Cévennes"

Pour certains puristes, les Cévennes "historiques", les "vraies de vraies", constituent un territoire très restreint, limité aux trois grandes vallées schisteuses qui descendent de la ligne de crête joignant le somment appelé "Signal du Ventalon" (au dessus du col de Jalcreste) à l'Aigoual, en passant par le plan de Fontmort, Barre des Cévennes, la can de l'Hospitalet. Ces trois vallées s'appellent, du nord au sud :

  • La vallée longue. Elle abrite entre autre les villages de Saint Frézal de Ventalon, Saint Martin de Boubaux, Saint Privat de Vallongue (du nom de la vallée).
  • La vallée française, qui abrite entre autre Saint Martin de Lansuscle, Sainte Croix vallée française, Saint Etienne vallée française...
  • La vallée borgne, au fond de laquelle se trouve Saint André de Valborgne.

Ce petit territoire, presque intégralement situé dans le département de la Lozère, est très homogène d'un point de vue paysager, humain et culturel. Entièrement creusé dans le schiste, c'est un pays très escarpé, présentant un fouilli inextricable de vallées secondaires, de petits cols menant à des endroits perdus... L'homme y est rare, regroupé en hameaux minuscules isolés sur de versants couvert de châtaigniers et de chênes verts (on est en climat méditerranéen), strié de bancels (les terrasses agricoles). On est là dans "la Cévenne des Cévennes", comme disait (paix à son âme) le conteur cévenol Jean-Pierre Chabrol.

Schiste, châtaignier, protestantisme

La Cévenne des Cévennes présentant ces trois caractéristiques de manière indéniable, toutes les zones alentour pouvant elles aussi les revendiquer se sont empressés de s'auto-dénommer "Cévennes" à leur tour. Ce qui n'est pas absurde, car le cumul de ces caractéristiques géologique, culturale et culturelle confert en effet à ces territoires une très grande ressemblance avec zone-mère, tout en ouvrant largement la surface disponible à de nouvelles régions candidates : la vallée du Tarnon, (Vébron, Rousses...), de la Mimente (Saint Julien d'Arpaon), la Capcèze, la vallée de Valleraugue...

Les grandes Cévennes

Il en fallait plus pour contenter tous les amateurs de Cévennes, qui furent bientôt redéfinies comme "les contreforts sur-est du massif central". Elles purent ainsi considérablement gagner en surface, empiétant largement sur les départements voisins, l'Ardèche et le Gard, mélangeant allègrement le schiste des origines avec le calcaire des garrigues et le granite de l'Aigoual et du Lozère, faisant tant bien que mal cohabiter protestants et catholiques. Cette zone hétéroclite du point de vue de la géologie conserve cependant une certaine homogénéïté paysagère : partout on y retrouve les vallées profondes, les versants escarpés couvert d'une végétation dense, opaque au promeneur qui ne sait pas y détecter les chemins.

Les très grandes Cévennes

Mais il fût fait encore plus fort. On avait étendu les Cévennes vers le sud et le nord, pourquoi l'est et l'ouest en resteraient-il écartés ? Dans leur appellation d'aujourd'hui les Cévennes ont donc englobé des nouveaux territoires d'aspects radicalement différents : une partie des grands Causses (Méjean, Sauveterre) d'un côté, et de vastes portions de plaine de l'autre.

L'ensemble représente un territoire très vaste (100 km x 100 km) et surtout très hétérogène paysagèrement et culturellement. Les immensités presque plates et dénudées des causses sont peuplées de moutons et de catholiques, les autres immensités moutonnées et glaciales du Mont Lozère sont peuplés de protestants et de vaches laitières, les chaudes vallées cévenoles sont peuplées de chèvres, de protestants, de néo-ruraux et de châtaigniers. Quant aux gorges du Tarn, elles sont presque uniquement peuplées de touristes entre le 15 juillet et le 15 août.

Mes Cévennes à moi

Pour s'y retrouver dans ce dédale de définition, il n'est d'autre solution que d'inventer la sienne, de fixer ses propres limites. J'invite chacun à le faire. Mes Cévennes à moi, très humblement, constituent un territoire qui est tout simplement centré sur l'endroit où j'habite. Elles englobent les 3 vallées historiques (qui débutent à 3 kilomètres d'ici), le Mont-Lozère, le Causse Méjean (qui me présente sa face sombre de l'autre côté de la vallée), et le Mont-Aigoual, dont j'aperçois les 2 tours jumelles dépasser de la crête d'en face lorsque je monte sur mon toit.

Le tout forme un espace patatoïde d'environ 30 km de diamètre autour de mon nombril. C'est mon univers habituel, celui que je parcours régulièrement pour des raisons personnelles ou professionnelles.

Au delà commence le reste du monde.

15/11/2007
Les portes des Cévennes
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