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Notes sur l'aventure de la découverte du corail du Serre de Montgros
Un jour, alors que je redescendais du Serre de Montgros par le broussailleux versant ouest, il me prit une soudaine envie de pisser. Evénement de peu de portée, me rétorquerez-vous avec raison. Certes. Mais pourtant, dans cette affaire, tout alla différemment de ce qu'il aurait dû advenir, et c'est ainsi que les conséquences de ce fait prirent le développement que l'on leur connaît aujourd'hui. J'ai donc aujourd'hui décidé de parler, pour que les générations futures ne restent pas ignorantes de ce qui s'est passé ce jour là.
Or donc, seul au milieu de ce versant isolé, parfaitement caché aux regards des hommes, j'eus une réaction étonnante : au lieu de baisser culotte là, au milieu de rien, à l'endroit ou je me trouvais au moment où l'envie me saisit, il me prit le besoin farfelu de me déplacer légèrement vers l'amont de la pente, pour rechercher un hypothétique endroit "mieux". Car peut-être tout le monde ne le sait-il pas, mais il y a une gradation dans la qualité des endroits pour pisser. Aussi me mis-je ne quête de cet ailleurs meilleur. Je ne saurais dire pourquoi ces quelques mètres auraient dû m'amener vers un endroit "mieux", puisque tout endroit alentour était aussi embroussaillé que tout autre. Sans doute étais-je sensible à ce besoin que nous ressentons, nous les hommes, de pisser sur le bord du chemin, et non en plein milieu. De chemin, en l'occurrence, il n'y avait pas, mais ma trajectoire précédente avait, si l'on peut dire, tracé un chemin virtuel, et je ressentais le besoin de m'en éloigner. Je remontais donc de quelques mètres et aperçus bientôt, toutes racines dehors, la souche d'un arbre fraîchement tombé au sol. La motte terreuse, incongrument dressée à la verticale, me parut être un excellent support pour recevoir les quelques gouttes que je devais évacuer. Je m'exécute donc, et voilà-t-il pas qu'en faisant mon office j'aperçois du coin de l'oeil un caillou blanc qui émerge de ladite motte. Un caillou de calcaire, rien moins que banal, semblable aux milliers d'autres qui traînaient ça et là sous le soleil brulant de l'après-midi. Pas de quoi fouetter un chat. Il y avait pourtant, dans la forme même de ce caillou, quelque chose de subtil, d'indéfinissable, qui attira mon attention. Une sorte de... symétrie asymétrique, voyez-vous. Je me dis "Hmmm, et si la chose que voilà était un fossile ? Ce serait intéressant !". Mais voyez vous,l'homme est un fainéant. Vous, je sais pas, mais moi, c'est comme ça. Et tout à mon rebraguettage, je me persuadais que l'objet que voilà était certainement un vulgaire caillou ordinaire auquel ma seule imagination donnait un autre sens. Toute ma curiosité s'évapora, et une flemme monstrueuse me prit. Sans prendre la peine de saisir le caillou en question, je repris mon chemin...
Je n'avais pas parcouru dix mètres que le remord commença à s'insinuer en moi... mais qu'est-ce que ça te coûtait de tendre la main pour saisir ce caillou ? T'es vraiment qu'un gros naze, tu va le regretter ! Décidé à ignorer ces voix intérieures je continuai ma descente d'un bon pas. Mais, vous savez ce que c'est, le remord... inéluctablement il pénètre vos tripes, fouaille vos certitudes les plus ancrées... Mon pas allait ralentissant... et bientôt je m'arrêtais tout à fait. Et c'est au petit trot que je remontais sur les lieux, tout en me traitant de crétin d'être aussi fleur bleue, bien sûr que c'est un simple caillou, qu'est-ce que tu espère ?
D'un geste vif j'arrachais mon caillou à sa gangue de terre sèche. Pfff... pas la moindre trace d'un quelconque exosquelette d'arthropode du jurassique, évidemment ! Juste un piquetage de terre humide, c'est tout. Oui, mais... un piquetage juste un peu trop régulier pour être le fruit du hasard. Gratouillis par ici, gratouillis par là... une structure polygonale se dessine peu à peu sous mes doigts maintenant fébriles...
Et voilà comment j'ai trouvé une station de coraux fossiles sur le serre de Montgros.
Fantastique aventure, n'est-ce pas ? La vie est vraiment trop ! Bon, maintenant si un géologue peut me renseigner un peu sur ce que j'ai trouvé exactement, ça donnera tout de même un peu de corps à cette histoire.
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10/10/2007
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Les coraux fossiles de la can de l'Hospitalet
Page rédigée avec l'aide de Alain jacquet
La can de l'Hospitalet, comme tous les causses, est constituée de calcaire. Ce calcaire
est formé par l'accumulation de squelettes de microorganismes au fond
de la mer de l'époque. Dans certains cas, des coraux se sont implantés sur
des zones peu profondes, et ont laissé sur place le "squelette" de la colonie une
fois celle-ci morte. Les fossiles de coraux sont un bon
marqueur écologique (on dit "fossile de faciès"), ils indiquent un
milieu de sédimentation assez précis : les récifs de coraux
actuels se situent dans des océans où la température de l'eau en hiver ne
descend pas en dessous de 20°C, une salinité moyenne, une bonne circulation de
l'eau pour une bonne oxygénation et le drainage des particules,
une profondeur inférieure à 50 m (car la lumière doit permettre la
photosynthèse des algues symbiotiques des coraux).
Mon inventaire personnel ne répertorie que deux types à ce jour sur la can (attention, les dénominations sont les miennes, car je n'y connais rien. Si quelqu'un identifie ces espèces, merci de me le faire savoir) :
Les "Assiettes". Ces coraux sont organisés en colonies plates à deux faces. Le "recto" est constitué d'alvéoles grossièrement hexagonales. Quant au "verso", il est constitué d'anneaux de croissante concentriques qui forment une sorte de pied, qui devait j'imagine être ancré à la roche. Je n'en sais pas plus, mais je sens qu'un spécialiste ne va pas tarder à me le dire... J'ai trouvé des assiettes dans la motte de terre entourant les racines d'un pin noir abattu par la tempête sur le flanc nord du Serre de Montgros (voir le récit de cette fantastique
découverte)
Du point de vue de la classification, ces "assiettes" font partie du genre Isastrea, un polypier Madréporaire. Les "Patates". Le nom que j'ai choisi à cette espèce leur rend correctement honneur, je pense. Ce sont vraiment des espèces de patatoïdes allongés, de quelques centimètres à quelques décimètres de long. Percés en leur axe d'un trou qui devait servir à faire circuler quelque chose, j'imagine ? Certains, plus élaborés, présentent des sortes de diverticules, de ramifications elles aussi perçées d'un trou à leur axe. Comment pourrait s'appeler ce bazar ? Il n'est pas exclu qu'il s'agisse non pas de coraux mais d'éponges fossiles... J'ai trouvé des patates sur le rebord occidental du plateau du Suquet, mais aussi dans un certain nombre de clapas, cela semble être une variété assez courante, que l'on peut facilement prendre pour une vulgaire pierre si on ne fait pas très attention.
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12/08/2008
17/06/2014
17/11/2014
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