L’habitat préhistorique de l’aven des Corneilles

L’habitat préhistorique de l’aven des Corneilles est situé à une quinzaine de mètres sous la surface du sol. Pour l’atteindre il faut descendre une rampe assez raide. Avant de pénétrer sous la voûte, regarder à gauche, légèrement en arrière. Il se trouve là une petite salle presque circulaire de 5m x 8m. Elle a été occupée à diverses époques.

Au début du chalcolithique (vers -3000), le lieu a été occupé de manière saisonnière, probablement par des chasseurs de passage. Il en reste plusieurs petits foyers superposés contenant des reliefs de repas (boeuf, mouton, cerf et également ours brun et deux bouquetins).

A la fin du chalcolithique (vers -2200) le lieu a été occupé plus durablement. Près d’un millier d’objets de cette époque y ont été trouvés : une centaine de vases, des outils en bois de cerf ou en pierre taillée. Des restes de poteaux plantés au sol ont permis de reconstituer l’allure générale de la grotte, qui était partiellement fermée par une cloison de peaux pour protéger le lieu du froid.

La couche d’habitat la plus récente est la plus riche. Plus d’un millier d’objets bien en place, dont une centaine de vases et des outils en bois de Cerf et en pierre taillée, ont permis de dater précisément cette couche de la fin de l’Age du cuivre, bien qu’elle ne contienne aucune trace de ce métal. A partir des trous de poteaux, les archéologues ont pu reconstituer une cabane en matériaux périssables comportant :

  • une structure de poteaux calés par des pierres et des lattes transversales, et recouverte d’une toiture à pente unique
  • un cloisonnement, composé d’un assemblage de peaux qui devait isoler l’espace intérieur de l’humidité et du froid.

Le foyer reposait sur une sole circulaire, de 70 cm de diamètre environ, constituée par une épaisse couche de débris de vases et de dallettes calcaires. Tout autour un mélange d’esquilles d’os et de fragments de
céramique : le « coin-repas ». Dans le reste de la surface une zone de préparation de la nourriture (four à griller les céréales, meules…), un « atelier » (bois de Cerf sectionnés), un lieu où l’on a cousu des vêtements ou des objets de peau (poinçons, siège…), au centre vraisemblablement le lieu de couchage.

Les déchets de nourriture permettent de cerner l’alimentation (Mouton, Boeuf, Cochon), provenant de l’élevage, complétée par les ressources de la chasse (Cerf, Chevreuil, Bouquetin, Ours brun, Castor, Lièvre, Lapin, Grand Tétras, Perdrix rouge, Pigeon ramier) et la pêche (Saumon) ou les coquillages (Moules d’eau douces). Les céréales cultivées (Blé et Orge) sont consommées grillées. On retrouve aussi des baies et des fruits sauvages. Crucial sur le plateau quasiment dépourvu de sources, où les troupeaux ne peuvent s’abreuver que dans des mares plus ou moins pérennes, le problème de l’eau est résolu par la collecte des infiltrations qui suintent de la voûte, dans des vases ou des outres.

L’ensemble ne paraît concerner qu’un petit groupe de quatre ou cinq personnes qui ne séjournaient là, probablement, que quelques mois par an. Peut-être venaient-ils au printemps cultiver des céréales (Blé amidonnier, Orge à grain nu, Blé tendre) dans les dolines (creux argileux), passant l’été à proximité des champs puis s’abritant l’automne dans l’aven avant de regagner, au début de l’hiver, les zones plus clémentes des vallées.

Les vestiges recueillis appartiennent indubitablement à la culture du Groupe des Treilles mais la présence de céramiques carénée et ornées évoque très fortement la culture de Fontbouisse, installée dans le Languedoc, dont les formes et les décors ont été importés ou, du moins, ont inspiré les fabricants locaux de poterie témoignant de toute manière des échanges entre les populations.

(Info et dessin avh, p. 44)

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