Boucle au Causset

En tout pays, en tout lieu, il existe quelque part la « balade du Dimanche ». Celle qu’on fait en famille, après être restés longtemps à table, pour sortir un peu profiter du soleil sans se fatiguer. Dans ma prime jeunesse, au Havre, c’était le square Saint Roch, entouré d’immeubles. Les enfants les plus grands y jouaient dans le bac à sable surpeuplé, les bébés se faisaient promener en poussette dans les allées aux formes ondulantes soigneusement étudiées… Plus tard, la forêt de Montgeon accueillit nos cris, nos jeux de ballons, puis nos courses de vélo sur la grande toute circulaire qui en faisait le tour. Du bonheur simple et pas cher pour nos 10 ans…  mais j’imagine que chacun peut avancer ce genre de souvenirs…

Trente ans plus tard, à l’extrémité de l’autre diagonale de la France, en un autre pays, quasiment… Nous n’avons pas beaucoup tardé à trouver nos « balades du Dimanche ». Celle-ci en est une de qualité. Une minuscule heure, pas de dénivelé, une belle pelouse, une vue magnifique sur l’Aigoual… et un tout petit peu d’aventure lorsqu’on doit passer au dessus du précipice ou chercher son passage hors sentier… Pour tous les âges… en donnant la main aux petits quant il le faut !

La corniche du Causset dans toute sa longueur. Au loin, la corniche de Puech Vendut

La ferme des crottes, point de départ de la balade, est située à l’extrême sud de la can de l’Hospitalet, au terminus d’une petite route qui ne conduit que là… On a un peu l’impression de pénétrer chez les agriculteurs, alors on se fait tout petits et on prend la piste qui part vers le sud. Bientôt, ne subsistent de celle-ci que quelques vagues traces dans l’herbe, sinuant entre les premiers pins d’une petite forêt. Il faut y pénétrer, et avancer jusqu’à ce que la végétation devienne impénétrable. Le jeu consiste alors à trouver le « passage secret », un sentier qui passe au travers de cette muraille végétale, mais dont l’entrée reste très peu visible. Indice : elle se trouve à quelques dizaines de mètres seulement de la falaise est.

Ce sentier passe au travers d’une sorte de « clapas », ces tas de pierre qu’on rencontre partout sur les causses, sortes de « poubelles à cailloux » constitués par les paysans qui nettoyaient ainsi leurs champs. Celui-ci, cependant, est intrigant : il court d’une falaise à l’autre, sur une longueur d’au moins 50 mètres, et puis il est décidément bien trop haut pour un honnête clapas. C’est le vestige d’une muraille datant de l’âge du fer, qui fermait l’accès à cette pointe de rocher, qu’on appelle un « cap barré protohistorique« . Ici, à une époque où la France était peuplée de quelques dizaines de milliers d’humains, des hommes ont vécu, travaillé…

Une portion du mur du cap barré du Causset

Le sentier mène à une clairière exposée au sud, un régal d’intimité, de tranquillité et de chaleur, particulièrement sensible lorsqu’un vent glacé souffle du nord, et que l’on y est totalement à l’abri et aux rayons du soleil. Les enfants aiment y courir en tous sens et explorer les moindres recoins de la lisère du bois. Attention, la falaise est tout près !

Emprunter ensuite le sentier qui part vers la droite, le long du précipice. Il est parfois bien visible, parfois disparaît on ne sait où, pour toujours être retrouvé peu de temps après.

C’est la partie magnifique et exposée du trajet, il est impossible d’y laisser les enfant seuls. Même un chien, pourtant supposé malin, a un jour fait le grand saut, heureusement sans dommage !

Le trajet se poursuit, régulier et tranquille, au fil de la falaise dont on peut voir au loin les prolongements… Des rochers surplombants, parfaits pour permettre aux enfants de rêver à l’aventure… Mais attention, certains sont vraiment très, très surplombants !

L’étroit passage entre la forêt et le précipice, sur la falaise du Causset

Après un kilomètre de cheminement en corniche, on parvient au lit asséché et embroussaillé d’une toute petite rivière. L’accès à la suite de la corniche est délicat. Vaut mieux remonter sur le plateau, par le biais d’un chemin escarpé mais sans risque. De là, selon l’état de la digestion, on peut soit retourner directement vers la ferme des crottes, soit prolonger de diverses manières : en continuant à longer la falaise jusqu’à la Bastide, ou en coupant plein nord au travers des prairies jusqu’à la route. Il y a sur ce dernier itinéraire quelques curiosités intéressantes : un ensemble de petits « oueds » qui convergent vers le « ponor des Crottes« , un creux de quelques mètres de profondeur dans lequel s’engouffrent les eaux de pluie concentrées ci les jours d’orage. Pas encore un aven, mais sans doute bientôt !

Des rochers pour rêver

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