La spéléologie sur la can de l’Hospitalet

C’est un fait, les cans ont été explorées moins tôt et moins à fond que les causses environnants.

La plupart des grottes du plateau et de ses pentes sont connues depuis toujours : au sud, la grotte des Fées. Sur le flanc ouest, la Baume Dolente, les grottes de Nozière et des Farous, au nord la Baume Giral, à l’est l’aven des Faïsses et la grotte de Baumoleïrou… Toutes ont en commun de présenter des développements relativement limités (quelques dizaines de mètres au plus pour leurs parties accessibles), et d’avoir été utilisées à partir de l’âge du bronze comme abris ou sépulture.

Les gens du pays connaissent ces grottes. Les plus confortables sont utilisées comme bergeries, parfois sommairement aménagées. Des découvertes y sont faites, comme à la Baume de Giral : des squelettes humains en sont exhumés au XIXème siècle et aussitôt « identifiés » comme des camisards emmurés ou des membres d’une assemblée protestante interdite massacrés par les dragons du Roy. Il s’agissait plus probablement de sépultures de l’âge du bronze ou du fer.

C’est à ces cavités connues que vont en premier lieu s’intéresser les spéléologues de la première heure. Paul Marcellin et Robert de Joly y font des visites en 1925 et 1930, peut-être en quête de découvertes archéologique. Mais le peu d’envergure des cavités ne les retient jamais longtemps. Ils se contentent généralement de reconnaître les lieux, de les citer dans des publications sommaires, et parfois d’y entreprendre de rapides sondages.

Quelques avens s’ouvrent à la surface du plateau. Ils sont tous de petites dimensions. L’aven de Montgros est le plus connu d’entre eux. On peut apercevoir depuis la route la large doline au fond de laquelle il s’ouvre.

Les premières campagnes d’exploration plus poussées sont initiées à partir de 1956 par le spéléo-club nîmois. Pendant plusieurs décennies,  ce club très dynamique rend visite à toutes les cavités connues. Ils effectueront en particulier un important travail sur la grotte de Tartabisac 1, en franchissant un à un, dans des conditions à peine croyable aujourd’hui, plusieurs siphons. Grâce à eux, Tartabisac 1, avec 2800 mètres de développement, devient la plus importante cavité de la can. (Pour le détail de ces aventures, voir « Causses et Cévennes n°1999-1).

Les années 80 sont celles des études hydrogéologiques. Plusieurs chercheurs s’y consacrent (Trésigny, Fabre, Maurin) et s’aperçoivent que ce petit bout de plateau n’est pas banal. Il présente quelques curiosités, dont l’étonnante diffluence de Montgros – Tartabisac.

Dans les années 2000 la spéléologie locale se redynamise avec l’apparition d’un nouveau club dynamique : le TNT (Tarn né Tarnon) qui, sans se focaliser sur la petite can, y effectue régulièrement des incursions. L’apport le plus significatif de ce club sur le plateau est à ce jour le franchissement de plusieurs siphons successifs dans Baume Dolente, avec découverte de galeries de belles dimensions sur plus d’un kilomètre, en particulier une galerie qui pourrait un jour permettre de rendre accessible une partie de cette cavité en shuntant le siphon n°1. Grâce à leur travail, Baume dolente est donc à ce jour l’une des cavités majeures de la can, elle reste très prometteuse.

Si de nombreuses petites cavités nouvelles sont découvertes (ou redécouvertes) entre 1970 et 2000, d’autres disparaissent comme par enchantement, érasées par une carrière, rebouchées par un agriculteur, ou simplement colmatées par des coulées de terre. L’inventaire des cavités du plateau comporte beaucoup de points d’interrogations, cavités dont « on » a entendu parler mais que plus personne ne sait situer. Certaines existent sous plusieurs noms différents (Baumoleïro est parfois appelée « Grotte de l’Hospitalet »), entretenant des confusions qui multiplient les grottes fantômes.

Au début des années 2010, le plateau livre de nouvelles informations archéologiques avec la découverte d’un réseau de grottes sépulcrales contenant des dizaines de corps. Des crânes trépanés y sont en particulier découverts, in situ et entiers, ce qui constitue un cas assez rare en France à ce jour. Ces grottes, en cours de fouille, sont particulièrement prometteuses car elles sont situées juste au dessus des vallées cévenoles schisteuses, dans lesquelles extrêmement peu de traces humaines anciennes ont été découverte.

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