Montagut sur désert

Montagut est loin… Montagut est haut… Montagut est perdu. Pour arriver à ce hameau il faut emprunter une piste à la sortie de Vébron et suivre ses lacets incertains sur une durée indéterminée. L’arrivée descendante donne l’impression de s’enterrer, de quitter la lumière du ciel pour une retraite sombre… Quelques bâtiments dispersés se laissent apercevoir furtivement dans des pentes terribles de raideur. Ils sont fatigués, rongés par l’âge et l’abandon. Au pied des pans de murs écroulés on peut pourtant apercevoir des traces de culture maraîchère à peu près entretenue. Quelqu’un vient ici de temps à autres, travailler la terre et récolter les fruits de son travail. C’est ???… Il est plutôt sauvage, il n’aime guère les visiteurs, encore moins les touristes et pire encore le Parc National des Cévennes. Le chemin qui traverse le village et continue vers Baume dolente trace au pied de ses jardins. Si par hasard il est à l’ouvrage, mieux vaut courber le dos, fermer les oreilles et passer bien vite, oreilles et cœur fermé. Mais la plupart du temps seul le vent résonne entre les toits branlants et la traversée s’effectue comme au travers d’un village fantôme de l’ouest américain.

LE lampadaire de Montagut
Une porte étrangement distordue

Lorsqu’on quitte la piste pour s’engager sur le chemin, on passe au delà du bout du monde. Ici, même ce qui tient encore debout défie les lois de l’équilibre. Tout le pays a dû bouger, à l’occasion d’un tremblement de terre mythique et oublié. Les portes donnent sur des espaces exposés au ciel, où des arbres poussent dans d’anciennes cuisines. Les pas font crisser des débris de lauzes et d’autres traces humaines ou préhumaines impossibles à identifier… Partout, le silence de la mort. Plus loin, les derniers lambeaux de murs prennent fin, donnant sur la nature glauque. Le chemin continue seul au delà des limites du monde connu. D’hommes, ici, il n’y a jamais eu, il n’y aura plus jamais.

17h30 heures. En ce mois de janvier, la nuit commence déjà à installer son univers. Au bout du bout, entre les masses sombres des premiers arbres, un globe lumineux apparaît soudain dans les premiers rayons de pénombre. La pleine lune ? Non. Un lampadaire. Il éclaire cet itinéraire vers le néant. Pour personne. Rien que pour moi.

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