L'accompagnement par les instruments mélodiques
On reste souvent persuadés que l'accompagnement est l'apanage des instruments rythmiques (percussions, batteries...) et harmoniques (guitares, pianos, etc...). Rien n'est plus faux. Pensez par exemple à un quatuor à cordes classique : il comporte 4 instruments mélodiques par excellence (2 violons, 1 alto, 1 violoncelle), et pourtant... il y a du rythme et de l'accompagnement quasiment en permanence.
Pourquoi ? Parce que, chacun à son tour, certains de ces instruments (plus souvent l'alto et le violoncelle que les violons, il est vrai, mais pas toujours) prennent un rôle d'accompagnement.
Il n'y a pas de règle générale pour faire de l'accompagnement avec un instrument mélodique, disons qu'on peut orienter son travail dans deux directions particulières :
- Jouer quelque chose de "rythmique", c'est à dire composé de notes dont le rôle est de marquer la rythmique
- Jouer quelque chose "d'harmonique", c'est à dire composé de notes venant compléter les notes jouées par la ligne mélodique pour créer une harmonie.
Il faut bien insister sur le fait qu'en musique d'ensemble cette construction doit être collective : si un seul instrument mélodique met au point sa ligne d'accompagnement et que les autres ne changent rien à leur jeu, l'initiative risque d'être noyée dans la masse. Il faut souvent, pour obtenir un résultat exploitable, que plusieurs instruments mélodiques (disons au minimum 2) mettent en place quelque chose de complémentaire. C'est tout le principe, par exemple, des "sections cuivre" des orchestres latino : 2, 3 ou 4 cuivres (trompettes, sax, etc...) reconstituent des accords en mélangeant leurs notes, tout en construisant des rythmiques communes.
L'objet des quelques conseils ci-dessous est de vous aider à construire vos propres accompagnements d'un morceau donné.
Jouer "harmonique"
- Concevoir une ligne qui s'attache à reconstituer les accords de la grille : à un moment donné, chaque instrument mélodique qui participe à l'accompagnement prend l'une des notes de l'accord en cours.
- Entre ces moments ou des accords "sonnent", inventer des notes de transition, qui peuvent être jouées par seulement d'un des instruments mélodiques d'accompagnement. Il est possible de passer par des dissonances si elles ne sont que passagères.
- Rechercher une large tessiture. Les accords reconstitués peuvent être joués en bas, au milieu ou en haut, selon des renversements divers. Tester plein de possibilités.
- Rechercher, pour chaque instrument, des enchaînements qui soient jolis en tant que tel, lorsqu'ils sont joués seuls. Par exemple, passer d'un accord à l'autre par une logique de montée ou de descente permanente, ou au contraire rechercher le passage d'un accord à l'autre en restant le plus "horizontal" possible (jouer les notes les plus proches d'un accord à l'autre)...
- Une fois que la logique d'ensemble est écrite, il est possible que chaque instrument réadapte sa propre partie en déplaçant quelques notes pour la rendre plus belle en tant que telle.
Jouer "rythmique"
- Concevoir des courtes séquences qui viennent appuyer certains moments clé de la ligne mélodique.
- Laisser des moments de silence entre ces séquences
- Donner de l'attaque à votre jeu, essayer d'imiter au maximum une percussion
Mixer le tout
Attention : il ne s'agit pas de mettre en permanence en oeuvre tous ces conseils : ça donnerait une impression de "trop" : trop rempli, trop lourd. Essayer d'alterner les différentes approches :
- parfois jouer très harmonique : ce sont alors des ambiances de "nappes", avec peu ou pas d'effet rythmique
- parfois jouer très "rythmique" : on peut alors n'utiliser qu'une seule note à l'unisson, mais lui donner une percussivité très grande
- parfois jouer un peu les deux
- parfois... ne rien faire, laisser la mélodie se dérouler tranquille...
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