Statut des musiciens
Bénévole ou rémunéré ?
C'est bien sûr la première question qui se pose au musicien amateur lors d'un spectacle. Doit il se faire payer, et comment ?
Rémunération officielle
Tout travail mérite salaire. Toucher 3 sous est une gratification et parfois une aide non négligeable pour ceux qui gagnent peu par ailleurs. Il faut savoir qu'une rémunération, lorsqu'il y en a une, doit forcément pour être légale se faire sous couvert d'un contrat de travail, même si la personne n'est pas musicien professionnel, avec toute la paperasse que cela implique, et le paiement de charges sociales adéquates, ce qui diminue d'autant ce que va toucher le musicien au final.
Rémunération officieuse
Les musiciens amateurs qui souhaitent tout de même toucher quelques sous choisissent donc souvent de se faire payer au noir, ce qui arrange tout le monde : l'organisateur (pas de paperasse, moins de frais), et le musicien lui même (rien à déclarer, et en général somme gagnée plus importante).
Mais attention, le noir est interdit partout, en musique comme ailleurs. Et puis il faut savoir que cette pratique désavantage les musiciens qui se déclarent. A utiliser en son âme et conscience, et avec modération si possible.
Pas de rémunération
Il est possible de jouer gratuitement, mais en théorie seulement si c'est le cas de tous les musiciens du groupe (voir ci-dessous). Il n'est alors pas nécessaire d'avoir un statut individuel, mais la participation du musicien doit être absolument gratuite (aucun remboursement de frais, pas de repas, etc...). C'est bizarre et injuste qu'on ne nourrisse et abreuve même pas quelqu'un qui donne de son temps et de son talent pour distraire le bon peuple, c'est pourquoi je n'ai jamais vu cette obligation réellement mise en oeuvre.
Professionnels ou non ?
En musique, "professionnel" ne signifie pas que la personne est meilleure musicienne qu'un amateur, mais qu'elle tire tout ou partie de ses revenus de la pratique de la musique.
Etre musicien professionnel est passionnant (enfin on consacre tout son temps à son dada) mais peut pousser à une logique de jouer plus pour gagner sa vie. Etre amateur permet souvent de profiter des bons côtés (pratique amicale, décontract, pour le plaisir) sans avoir les inconvénients. C'est donc une question à réfléchir mûrement.
Pour être reconnu comme professionnel de la musique, il faut obligatoirement toucher de l'argent lorsque l'on joue (logique) mais de manière officielle et déclarée. Cela veut dire qu'il va forcément y avoir des contrats de travail pour les différente prestations réalisées.
La loi française interdit de travailler à plus que plein temps. Si vous être déjà à plein temps dans un autre boulot, vous n'avez pas le droit d'avoir des contrats de travail supplémentaires, donc pas le droit d'exercer professionnellement la musique. Il vous reste donc la solution de la pratique bénévole, ou de la pratique au noir...
Si vous avez un autre boulot à temps partiel, ou pas d'autre boulot, vous pouvez déclarer des contrats de travail pour des concerts, en veillant à ce que la somme des heures indiquées sur tous vos contrats de travail (musique et autre) ne dépasse pas le temps légal mensuel. Il n'y a par contre pas de limite au nombre de contrats de travail cumulés.
Quel statut pour les professionnels ?
Intermittent du spectacle
C'est le "statut" mis au point par l'Etat pour permettre à des artistes de vivre de leur art. Il est basé sur le postulat suivant : l'artiste n'est considéré "au travail" que lorsqu'il est sur scène, ou en train de se préparer. Cela ne représente guère plus de quelques jours par mois. Tout le reste du temps, il est considéré comme étant au chômage (alors qu'en fait il répète, crée, fait de la paperasse, de la promo...), et peut percevoir une allocation chômage.
Ce statut est intéressant car il permet d'assurer un niveau minimum de revenu financier. Il est par contre difficile à obtenir, est compliqué à cumuler avec des contrats de travail "normaux" (par exemple pour donner des cours de musique), et nécessite beaucoup de paperasserie et de suivi. Je ne m'étendrais pas plus sur ce sujet, d'excellents sites lui sont consacrés.
Salarié
Si vous avez l'occasion de jouer régulièrement (même rarement) pour les mêmes organisateurs de spectacles, une solution intéressante peut être de négocier un contrat à durée indéterminée à temps très partiel (par exemple à 2%). Ca fidélise la relation, ça assure une pérennité dans les entrées d'argent, et vous pouvez cumuler de tels contrats avec un grand nombre d'organisateurs.
Entreprise individuelle
Une solution qui arrange bien des problèmes. Créer une entreprise individuelle, ce qui permet de facturer des prestations. On gère soi-même son salaire.
Mélange amateurs / professionnels au sein d'un même groupe
C'est un cas de figure assez courant dans les groupes. Il pose problème car il est en principe interdit de faire jouer des bénévoles et des personnes rémunérées lors d'un spectacle. Les groupes s'en sortent généralement de deux manières différentes :
La manière légale
Il existe deux manières de rémunérer une prestation musicale :
- Au cachet. Le cachet est une somme forfaitaire qui part du principe qu'une prestation occupe 12 heures. Un cachet représente donc au minimum 12 x le taux du SMIC horaire. C'est la solution qu'utilisent généralement les professionnels
- A l'heure. On calcule le nombre d'heures effectif réalisé et on multiplie par le taux du SMIC horaire.
La solution pour s'en sortir consiste à payer les professionnels au cachet, et les amateurs à l'heure. Dans les deux cas il y a des contrats de travail à faire, mais ce système permet de payer beaucoup plus les professionnels, puisque on ne paie aux amateurs que le nombre d'heure de présence sur scène (donc 1, 2 ou 3, contre 12 pour les professionnels). Il faut naturellement que les personnes soient d'accord avec ce principe au sein du groupe !
L'"autre" manière
Elle consiste à défrayer les non professionnels, et faire des cachets aux professionnels. Il faut trouver une manière de donner de l'argent aux non pros d'une manière transparente, c'est donc une pratique illégale, mais c'est une solution utilisée par défaut d'autres possibilités. Cela n'empêche d'ailleurs pas les discussions internes au groupe car il y a des choix à faire sur la manière de répartir les sommes.
Certains groupes allouent la même somme globale à chacun, et les musiciens professionnels doivent extraire leurs charges sociales de cette somme, ce qui leur laisse un net très inférieur aux autres, mais leur permet de valider des cachets et de bénéficier de l'aide de l'état pour les intermittents.
Un bon calcul me semble consister à répartir la somme globale de telle sorte que tout le monde touche le même net, et que les charges des professionnels leurs soient payées sur le cachet global.
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